Les cancers de l’enfant et de l’adolescent, bien que rares, représentent une réalité médicale et humaine majeure. Chaque année en France, environ 2 500 nouveaux cas sont diagnostiqués chez les moins de 18 ans. Contrairement aux cancers de l’adulte, ils ne sont généralement pas liés au mode de vie mais à des anomalies du développement cellulaire ou à des prédispositions génétiques. Leur nature particulière, leur évolution et leur traitement nécessitent une prise en charge dans des centres spécialisés, où recherche et soins sont étroitement liés.
Plan de l'article
Une réalité rare mais spécifique
Les cancers de l’enfant et de l’adolescent sont rares comparés à ceux de l’adulte. Ils représentent moins de 1 % de l’ensemble des cancers diagnostiqués chaque année. Cette rareté explique que les familles soient souvent prises de court au moment du diagnostic, car l’idée même d’un cancer pédiatrique reste difficile à concevoir.
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Mais leur nombre ne signifie pas que les cancers de l’enfant sont identiques à ceux de l’adulte, simplement observés plus tôt. Au contraire, ils présentent des caractéristiques propres.
- Chez l’adulte, la majorité des cancers sont liés à des facteurs environnementaux et de mode de vie (tabac, alcool, alimentation, expositions professionnelles, âge).
- Chez l’enfant, les causes sont moins bien identifiées. Il s’agit souvent de cancers liés à des anomalies du développement cellulaire, à des prédispositions génétiques ou, dans de rares cas, à des syndromes héréditaires.
Une autre différence essentielle réside dans la nature même des cancers. Chez l’adulte dominent les tumeurs solides comme le cancer du poumon, du sein, du côlon ou de la prostate. À l’inverse, chez l’enfant et l’adolescent, ce sont surtout les cancers du sang (leucémies, lymphomes) et les tumeurs embryonnaires (neuroblastome, néphroblastome, médulloblastome) qui prédominent.
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Enfin, les perspectives de guérison sont globalement meilleures chez les plus jeunes. Grâce aux protocoles spécialisés et aux progrès de la recherche clinique, près de 80 % des enfants atteints de cancer peuvent aujourd’hui guérir, ce qui est un contraste fort avec certains cancers de l’adulte où le pronostic reste beaucoup plus réservé.
Les cancers les plus fréquents chez l’enfant
Chez l’enfant, certains types de cancers reviennent plus souvent que d’autres. Ils concernent principalement le sang, le système nerveux central et les tumeurs dites embryonnaires.
Les leucémies aiguës
Elles représentent près d’un tiers de l’ensemble des cancers pédiatriques, avec une nette prédominance de la leucémie aiguë lymphoblastique (LAL). Cette maladie touche la moelle osseuse, où sont fabriquées les cellules sanguines, et entraîne une production anarchique de globules blancs immatures. Les symptômes sont variés, pâleur, fatigue, saignements inhabituels, fièvre ou infections répétées. Grâce aux traitements modernes (chimiothérapie, greffe de moelle dans certains cas), les chances de guérison sont aujourd’hui élevées, même si la prise en charge reste longue et exigeante.
Les tumeurs cérébrales et du système nerveux central
Deuxième grand groupe de cancers de l’enfant, elles représentent environ 20 à 25 % des cas. Elles regroupent plusieurs formes comme les médulloblastomes, les gliomes ou encore les épendymomes. Ces tumeurs peuvent se développer dans différentes régions du cerveau ou de la moelle épinière, entraînant des signes neurologiques variés : maux de tête persistants, troubles de la vision, difficultés d’équilibre, crises convulsives. Le traitement associe souvent chirurgie, radiothérapie et chimiothérapie, avec des protocoles adaptés à l’âge de l’enfant pour limiter les séquelles à long terme.
Les neuroblastomes
Spécifiques de la petite enfance, les neuroblastomes apparaissent généralement avant l’âge de 5 ans. Ils prennent naissance dans le système nerveux sympathique, souvent au niveau des glandes surrénales situées au-dessus des reins. Leur présentation est très variable : parfois une masse abdominale palpable, parfois des douleurs osseuses ou une perte de poids inexpliquée. Leur évolution peut être imprévisible : certaines formes sont agressives, d’autres régressent spontanément. Le traitement repose sur une combinaison de chirurgie, chimiothérapie, radiothérapie et parfois immunothérapie.
Ces trois groupes – leucémies, tumeurs cérébrales et neuroblastomes – constituent à eux seuls la majorité des cancers pédiatriques. Leur particularité est de survenir à des âges très précoces, avec des mécanismes biologiques différents de ceux observés chez l’adulte, ce qui explique l’importance de centres spécialisés capables d’adapter les traitements aux enfants.
Les cancers les plus fréquents chez l’adolescent
À l’adolescence, le profil des cancers diffère de celui observé chez le jeune enfant. Certaines tumeurs deviennent plus fréquentes en raison de l’âge, du développement osseux ou de la maturation hormonale.
Les lymphomes
Ils constituent l’un des groupes les plus représentés chez l’adolescent. On distingue deux grandes catégories : le lymphome de Hodgkin, caractérisé par une évolution souvent lente et un bon pronostic, et les lymphomes non hodgkiniens, plus hétérogènes et parfois plus agressifs. Ces cancers prennent naissance dans le système lymphatique, essentiel à la défense immunitaire. Les signes d’alerte incluent l’apparition de ganglions persistants, une fatigue prolongée, de la fièvre ou une perte de poids inexpliquée. Le traitement associe généralement chimiothérapie, radiothérapie ciblée et, dans certains cas, immunothérapie. Aujourd’hui, les chances de guérison dépassent 80 % pour de nombreux sous-types.
Les tumeurs osseuses
Deux tumeurs dominent cette catégorie : l’ostéosarcome et le sarcome d’Ewing. L’ostéosarcome se développe surtout au niveau des os longs (fémur, tibia, humérus) et survient souvent pendant la période de croissance rapide de l’adolescence. Le sarcome d’Ewing peut toucher les os ou les tissus mous voisins, avec une localisation variable (bassin, côtes, os longs). Ces cancers se traduisent par des douleurs osseuses persistantes, parfois confondues au départ avec des douleurs de croissance ou une blessure sportive, ainsi que par des gonflements locaux. La prise en charge repose sur une association de chimiothérapie, chirurgie et parfois radiothérapie.
Les tumeurs germinales
Elles apparaissent dans les cellules responsables de la formation des ovules ou des spermatozoïdes. Elles peuvent donc se développer au niveau des testicules, des ovaires, mais aussi dans des localisations atypiques comme le médiastin (région située entre les poumons). Ces tumeurs regroupent plusieurs sous-types, certains très sensibles à la chimiothérapie, ce qui explique un taux de guérison élevé. Les signes varient selon la localisation : masse testiculaire indolore, douleurs abdominales, troubles hormonaux.
Chez l’adolescent, ces trois groupes – lymphomes, tumeurs osseuses et tumeurs germinales – traduisent une évolution biologique par rapport à l’enfance. L’apparition de cancers plus proches de ceux de l’adulte, mais qui gardent leurs particularités pédiatriques en termes de traitement et de suivi.
Autres tumeurs pédiatriques à connaître
Le rhabdomyosarcome et les tumeurs des tissus mous
Environ 150 cas par an en France. Ces cancers prennent naissance dans les muscles ou les tissus de soutien. Le rhabdomyosarcome est le plus fréquent, touchant souvent la tête, le cou, la vessie ou les membres. Leur prise en charge associe chirurgie, chimiothérapie et parfois radiothérapie, avec des résultats encourageants si le diagnostic est précoce.
Le néphroblastome (tumeur de Wilms)
Près de 100 à 120 cas par an. Spécifique de l’enfant, il survient le plus souvent avant 6 ans et se développe au niveau du rein. Il se manifeste par une masse abdominale découverte parfois fortuitement. Grâce aux traitements combinés (chirurgie, chimiothérapie, radiothérapie), les taux de guérison dépassent 85 %.
Les tumeurs spécifiques et très rares
Au total, moins de 100 cas par an regroupés (hépatoblastome, rétinoblastome, tumeurs endocriniennes rares). Elles nécessitent une prise en charge dans des centres hautement spécialisés et bénéficient souvent de protocoles de recherche dédiés.
Si les cancers pédiatriques demeurent peu fréquents, ils couvrent une grande diversité de formes, allant des leucémies et tumeurs cérébrales chez l’enfant aux lymphomes et tumeurs osseuses chez l’adolescent. Grâce aux progrès de la médecine, le taux de guérison dépasse aujourd’hui 80 % dans de nombreux cas, même si chaque situation reste unique. La rareté de ces cancers justifie une organisation spécifique, centrée sur l’expertise des équipes pluridisciplinaires et la participation à des protocoles de recherche, afin de continuer à améliorer le pronostic et la qualité de vie des jeunes patients.